Charles-Emmanuel Sédillot

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Charles-Emmanuel Sédillot
Portrait de Charles-Emmanuel Sédillot
Dr Sédillot », photographie pos. sur papier albuminé d'après négatif sur verre, 8.5 x 6 cm, atelier Nadar. Extrait de : Album de référence de l'Atelier Nadar, Vol. 1. Coll. de la BnF.
Biographie
Naissance
Ancien 11e arrondissement de Paris
Décès
Sainte-Menehould
Nationalité Française
Père Jean Jacques Emmanuel SédillotVoir et modifier les données sur Wikidata
Thématique
Formation Faculté de médecine de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Profession Médecin militaire et chirurgienVoir et modifier les données sur Wikidata
Employeur Hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce, faculté de médecine de Strasbourg et École impériale du Service de santé militaire de StrasbourgVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions Commandeur de la Légion d'honneur‎ (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de Académie des sciences, Académie nationale de médecine et Académie LéopoldineVoir et modifier les données sur Wikidata

Charles-Emmanuel Sédillot, né à Paris le et mort à Sainte-Menehould le , est un médecin militaire et un chirurgien français, précurseur de l'asepsie opératoire et promoteur de l'anesthésie au chloroforme[1]. Il est l'auteur de la première gastrostomie chez l'homme, en 1846. Il est professeur au Val-de-Grâce puis à la faculté de médecine de Strasbourg, chirurgien en chef de l'Hôpital militaire et directeur de l'École de médecine militaire de cette ville. On lui doit l'invention, en 1878, du mot «microbe»[2],[3], consacrée par Émile Littré dans l'édition de 1886 de son Dictionnaire de médecine[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Charles-Emmanuel Sédillot [s.d.].
Charles-Emmanuel Sédillot en 1869.

Charles-Emmanuel Sédillot[5] est le fils aîné de Jean Jacques Emmanuel Sédillot, orientaliste et astronome, et de Marie-Julie-Anastasie Fossé. Il est le frère de Louis-Pierre-Eugène Sédillot (1808-1875), orientaliste et historien des sciences.

Après de brillantes études à la faculté de Médecine de Paris, dans les hôpitaux d'instruction de Metz et au Val-de-Grâce, il est reçu docteur en médecine en 1829, en soutenant une thèse intitulée Du nerf pneumogastrique et de ses fonctions. Dans un modeste laboratoire, il pratique de nombreuses vivisections et précise le rôle du nerf récurrent. Il débute ensuite une carrière de chirurgien militaire.

En 1831, il participe à la l'insurrection de la Pologne en qualité de chirurgien sous-aide dans les ambulances polonaises ; il est un temps interné en Autriche après la défaite polonaise. Il sera décoré de la Croix du Mérite militaire. De retour à Paris, il devient chirurgien aide-major au Sixième Dragon. En 1832, à la demande des autorités, il observe avec Larrey une terrible épidémie de choléra à l'hôpital de Picpus[6].

En 1836, il devient chirurgien-major et professeur au Val-de-Grâce après avoir été agrégé de la Faculté de Paris. Mais il échoue à la chaire de chirurgie de la Faculté de Paris en 1836 contre Blandin. Déçu par cet échec, il s'engage auprès des troupes coloniales d'Afrique du nord et prend part à la deuxième campagne de Constantine[7]. Il fait part de ses observations dans un volume publié en 1838 : Campagne de Constantine de 1837. Il visite les ruines romaines, les sources minérales et observe les traitements des fractures par les autochtones. Il souffrira du paludisme en Algérie tout en poursuivant sa tâche. Revenu à Paris, il échoue une nouvelle fois au concours pour une chaire de médecine opératoire de la faculté de Paris face à Malgaigne en 1839. Il épouse Geneviève Pelletier[8] (1820-1886), le .

En 1841, il est reçu au concours d'agrégation de la Faculté de médecine de Strasbourg pour la chaire regroupant « pathologie externe, médecine opératoire et clinique chirurgicale ». L'admission d'un chirurgien militaire à ce poste donne lieu à de vives polémiques : la faculté avait décidé de rendre incompatible le titre de professeur à la faculté avec celui de professeur à l'hôpital militaire après le départ de Bégin. En 1850, il est promu au grade de médecin principal de première classe. Il est nommé chirurgien en chef de l'hôpital militaire de Strasbourg en 1856, menant de front ses deux carrières militaire et civile. Enfin, élevé au grade de médecin inspecteur, il est nommé premier directeur de la nouvelle École de médecine militaire entre 1856 et 1869.

En 1869, il est admis à la retraite. Il assiste à l'annexion de l'Alsace en 1870, mettant fin à l'existence de l'École[9]. Il participe aux ambulances de Haguenau. Il refuse l'offre prussienne de conserver sa chaire de la faculté de médecine, rejoint Nancy où il est nommé professeur honoraire avant de se retirer à Paris.

Souffrant d'une surdité profonde, puis frappé d'une hémiplégie droite en 1879, il meurt chez l'un de ses enfants à Sainte-Menehould en 1883, à l'âge de 78 ans. Ses obsèques ont lieu à Paris.

Travaux[modifier | modifier le code]

C'est lui qui a inventé le mot microbe en 1878.

Titres et distinctions[modifier | modifier le code]

Il est élu correspondant de l'Académie des sciences le (section de médecine et chirurgie) et en devient membre le [10]. Il est également membre de l'Académie nationale de médecine et de l'Académie Leopoldina depuis 1852.

Commandeur de la Legion d'honneur[11] ().

Œuvres et publications[modifier | modifier le code]

Traité de médecine opératoire bandages et appareils, J.B. Baillière, 1865, [Fig. 192]. Coll. de la BnF.
  • Du nerf pneumo-gastrique et de ses fonctions, [Thèse présentée et soutenue à la Faculté de Médecine de Paris, le , pour obtenir le grade de Docteur en médecine], Imprimerie de Didot Le Jeune (Paris), no 274, 1829, Texte intégral.
  • Phlébite traumatique, [Thèse pour le Concours d'agrégation à la Faculté de médecine de Paris en 1832], Imprimerie Thuau, 1832.
  • Manuel complet de médecine légale, Crochard (Paris), 1833, Texte intégral.
  • De l'Anatomie pathologique des luxations anciennes du fémur, en haut ou en dehors, ou dans la fosse iliaque externe, [mémoire présenté à l'Académie des sciences (1835)], impr. de F. Locquin (Paris), (s. d.).
  • Des amputations dans la continuité et la contiguité des membres; leurs avantages et leurs inconvéniens, Germer-Baillière (Paris), 1836, 82 p., Texte intégral.
  • Campagne de Constantine de 1837, Crochard (Paris), 1838 , 307 p., Texte intégral.
  • Traité de médecine opératoire, bandages et appareils, Crochard (Paris), 1839, lire en ligne sur Gallica.
  • «Nouveau procédé d'amputation tarso-tarsienne», in: Annales de médecine belge et étrangère, , p. 147-152, Texte intégral.
  • De l'opération de l'empyème [Thèse - Concours pour une chaire de médecine opératoire], Masson, Fortin et Cie (Paris), 1841 [2ème éd.], 181 p., Texte intégral .
  • De l'Application de la méthode anaplastique au traitement du cancer, impr. de G. Silbermann (Strasbourg), 1845, lire en ligne sur Gallica.
  • Recherches sur le cancer, G. Silbermann (Strasbourg), 1846.
  • De l'insensibilité produite par le chloroforme et par l'éther et des opérations sans douleur, J.-B. Baillière (Paris), H. Baillière (Londres), 1848 , [Premier livre d’anesthésie en France] Texte intégral
  • De l'Infection purulente, ou pyoèmie, J.-B. Baillière (Paris), 1849, Texte intégral.
  • De la section des artères dans l'intervalle de deux ligatures comme méthode générale de traitement des hémorrhagies et des anévrismes, J.B. Baillière (Paris), 1850, 56 p., lire en ligne sur Gallica et Texte intégral.
  • Lettre adressée à M. le Président de l'Académie des sciences, sur une observation de staphyloraphie pratiquée avec un succès complet par une méthode et des instrumens nouveaux, J.-B. Baillière (Paris), 1850, lire en ligne sur Gallica.
  • Nouvelles considérations sur l'emploi du chloroforme, impr. de G. Silbermann (Strasbourg), 1851, lire en ligne sur Gallica .
  • Des régles de l'aplication du chloroforme aux operations chirurgicales, J.-B. Baillière (Paris), 1852, lire en ligne sur Gallica.
  • De l'évidement des os, V. Masson (Paris), 1860, Texte intégral
  • Résumé analytique des travaux scientifiques du dr Ch. Sédillot candidat à la place vacante dans la section de médecine et de chirurgie de l'Académie des sciences, [Impr. de E. Martinet, Paris], 1867, Texte intégral.
  • Notice sur les titres et les travaux scientifiques du Dr Ch. Sédillot présentée à l'appui de sa candidature à l'Académie des sciences, section de médecine et de chirurgie, G. Silbermann (Strasbourg), 1867, Texte intégral.
  • De l'Évidement sous-périosté des os [2ème édition], J.-B. Baillière et fils (Paris), 1867, lire en ligne sur Gallica .
  • Comment se régénèrent les os à la suite de l'opération de l'évidement et de la nullité radicale de l'ostéogénie sur l'homme par les gaines et les lambeaux périostés, impr. de G. Silbermann (Strasbourg), 1867, lire en ligne sur Gallica.
  • De l'Ablation des malléoles fracturées dans les luxations du pied, compliquées de l'issue des os de la jambe au travers des téguments, impr. de G. Silbermann (Strasbourg), 1867, lire en ligne sur Gallica.
  • De la Nullité radicale des résections sous-périostées, comme moyen de régénération des os, [Communication à la Société de chirurgie, séances des 2 et ], impr. de G. Silbermann (Strasbourg), 1867, lire en ligne sur Gallica.
  • Comment se régénèrent les os à la suite de l'opération de l'évidement et de la nullité radicale de l'ostéogénie sur l'homme par les gaines et les lambeaux périostés, isolés et détachés des os subjacents, dans la méthode des résections sous-périostées, impr. de G. Silbermann (Strasbourg), 1867, lire en ligne sur Gallica.
  • Contributions à la chirurgie, J.-B. Baillière (Paris), 1868, 2 vol.:
  • De la Certitude en médecine [discours prononcé à la séance annuelle de la Société de médecine de Strasbourg, le ], impr. de G. Silbermann (Strasbourg), 1869, lire en ligne sur Gallica.
  • Chirurgie de guerre: du traitement des fractures par armes à feu, 1870 , [communication].
  • Traité de médecine opératoire, bandages et appareils, [4ème éd.], J.B. Baillière et fils (Paris), 1870, Tome second, Texte intégral.
  • De la réorganisation de la médecine militaire [discours prononcé à l'Académie de médecine dans la séance du ], Masson (Paris), 1873, Texte intégral
  • Du Relèvement de la France, vieilles vérités, union, perfectionnement, E. Plon (Paris), 1874,lire en ligne sur Gallica.
  • «De l'influence des découvertes de M. Pasteur sur les progrès de la Chirurgie», in : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, t. 86, (1878), p. 634, lire en ligne sur Gallica.
Voir aussi
  • Alphonse-Marie-Joseph Kien, (Dr): Clinique chirurgicale de M. le professeur Sédillot [semestre d'été, année 1866], impr. de G. Silbermann (Strasbourg), 1867, lire en ligne sur Gallica

Hommages[modifier | modifier le code]

Une rue et un square de Paris, dans le 7e arrondissement, et une rue de Strasbourg portent son nom. L'hôpital militaire de Nancy fut baptisé « Hôpital Sédillot », de 1913 à sa dissolution en 1991.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. «L'administration du chloroforme», in: Histoire de l'anesthésie par Marguerite Zimmer, EDP Sciences,766 p. Extraits p. 245-246.
  2. C. Sédillot, « De l'inflence des découvertes de M. Pasteur sur les progrès de la Chirurgie », dans Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, t. 86, (1878), p. 634, consultable sur Gallica. Sédillot dit que le mot a été approuvé par Littré.
  3. Edmond Sergent, L. Parrot, R. Horrenberger: «Un point de sémantique: le mot "virus" ne doit pas rester ambigu», in:Bulletin de l'Académie nationale de médecine, [séance du 26 juin 1951], p. 362-365, lire en ligne sur Gallica
  4. Georges Canguilhem, Études d'histoire et de philosophie des sciences, J. Vrin, Paris, 1994 (7e éd. augm.), p. 392 (ISBN 2-7116-0108-0)
  5. La médecine compte plusieurs hommes distingués de ce nom ; voir: Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales publ. sous la dir. A. Dechambre [puis de] L. Lereboullet, G. Masson, P. Asselin (Paris) [puis] Asselin et Houzeau (Paris) 1874-1885, Troisième série, Q-T. Tome huitième, p. 466-469, lire en ligne sur Gallica.
  6. Paul Delaunay, Le corps médical et le choléra en 1832, impr. Tourangelle (Tours), 1831, 86 p. Texte intégral
  7. Ernest Mercier: Les deux sièges de Constantine, imp. Poulet (Constantine), 1896, Texte disponible en ligne
  8. Geneviève Pelletier est la fille de Pierre Joseph Pelletier
  9. Kleider Bertrand, Pabst Jean-Yves, « L’École impériale du Service de santé militaire de Strasbourg (1856-1870) », in: Revue d'histoire de la pharmacie, 93e année, no 345, 2005. p. 61-72. DOI 10.3406/pharm.2005.5760 Texte intégral
  10. Les Membres de l'Académie des sciences depuis sa création (en 1666)
  11. « Cote LH/2491/6 »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Eugène Boeckel, Notice biographique sur le professeur Ch. Sédillot, [S. l.][s. n.], 1883, 20 p.
  • Paul Horteloup, Eloge de Charles-Emmanuel Sédillot [prononcé à la Société de chirurgie], G. Masson (Paris), 1885,Texte intégral.
  • Charles Baechler (dir.), Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 35, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, Strasbourg, 2000, p. 3605-3606.
  • Daniel Bonnot, Charles Emmanuel Sédillot, (1804-1883), sa vie et ses œuvres à travers ses écrits, , 1986, [Thèse de médecine de l'université Strasbourg 1] , édition remaniée : Pensée universelle (Paris), 1988, 216 p., référence sudoc.
  • Daniel Bonnot, « Charles Emmanuel Sédillot (1804-1883) », in: Histoire des Sciences médicales 1989;23(3), p. 199–204, Texte intégral.
  • Sunder, C. H., La Vie et les Œuvres de Ch. Emanuel Sedillot (1804-1883), Presses universitaires de Strasbourg (Strasbourg), 1933.
  • Jacques de Fourmestraux, Charles Sédillot (1804-1883), J.-B. Baillière et fils, Paris, 1933.
  • Jacques Héran (coord.), « Charles Sédillot, ou l'audace technique en chirurgie », in: Histoire de la médecine à Strasbourg, La Nuée Bleue, Strasbourg, 1997 (2e  éd. rév.), p. 262-263.
  • Louis-François Hollender, Emmanuelle During-Hollender, Chirurgiens et chirurgie à Strasbourg, Coprur (Strasbourg), 2000, 240 p. (ISBN 2842080688).
  • Léon Legouest, Notice sur M. le médecin inspecteur Sédillot, V. Rozier, Paris, 1883, 16 p.
  • Charles Henri Sunder, La vie et les œuvres de Ch. Emmanuel Sédillot (1804-1883), Les Éditions Universitaires de Strasbourg, Strasbourg, 1933, 60 p.
  • Gabriel Tourdes, Notice sur les professeurs Sédillot et Michel, Berger-Levrault, Nancy, 1884, 17 p.
  • G. Percebois, « Qui était Sédillot, qu'évoquait l'hôpital militaire de Nancy ? », in: Bulletin des Académie et Société Lorraines des Sciences, 1991, 30, no 2, 20 p.Texte intégral.
  • Pierre Labrude, « L'Hôpital militaire Sédillot de Nancy et le médecin inspecteur Charles-Emmanuel Sédillot. Quelques relations avec la pharmacie », in: Revue d'histoire de la pharmacie, 1993, vol. 81, no 297, p. 195-204, Texte intégral.
  • Lefebvre, P, « Médecins et chirurgiens militaires à l'Académie des sciences », in:Histoire des Sciences médicales 1986;20(4), p. 435–444, Texte intégral.
  • Georges Schaff, « Le milieu médical strasbourgeois à l’époque de Laveran. La Faculté de Médecine. L’École impériale du Service de Santé militaire », in: Cahiers de l'O.R.S.T.O.M., vol. XVIII, no 2, 1980, p. 95-98, Texte intégral.
  • « Personnage oublié : Charles-Emmanuel Sedillot, un médecin méconnu », in: L'Union, , Texte intégral.
  • (en) Franck Billmann, « A Pioneer In Medicine and Surgery: Charles Sédillot (1804-1883)», in: International Journal of Surgery, Volume 10, Issue 9, p. 542-546, 2012, Disponible en ligne.
  • James R. Wright, « Charles Emmanuel Sédillot and Émile Küss: The first cancer biopsy », in: International Journal of Surgery, vol. 11, no 1, p. 106-107, 2013.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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